03. Révélations
■ Enfant béni, élevé dans ses premières années par une famille d'accueil de la paroisse, a appris le bénédicité avant ses tables de multiplication. Il a ces rêves tout en lumières qui font sourire les parents du moment, il raconte la voix souveraine et dessine ses premiers bonshommes avec des ailes griffonnées aux crayons de couleur. Un jour il insiste, ses songes lui ont dit où trouver une fillette d'une autre école, disparue depuis quelques jours. Elle est là où il l'avait dit, mais lui n'a pas quitté son lit, alors peut-être bien qu'il dit vrai. Peut-être que le garçon est béni (avant que la rumeur ne circule, il a une nouvelle maison et une famille pour le chérir).
■ Collège, lycée, études de théologie, fiançailles, église, mariage, église encore. Il a partiellement disparu entre 2005 et 2008 mais n'a manqué aucune naissance des enfants, aucun baptême jusqu'à devenir celui qui les donnerait. Un appel de plus haut, il a dit simplement, une vocation impossible à ignorer pour un bon chértien. Après ses errances Gabriel n'a plus la bougeotte, et on le fait pasteur comme il y a toujours été destiné. Il donne les messes et éduque les bambins, conseille les couples et accueille les égarés, organise la communauté selon sa vision.
■ Le prêche a l'odeur du whisky mais la foi est toujours là (en Lui, en les hommes beaucoup moins) alors il continue d'essayer. Mais il y a ces âmes qui refusent d'être sauvées, ce mal inscrit si loin dans les fondations de leur cité qu'il ferait mieux de renoncer. Il y a ce soir la voiture, le garage, le moteur qui tourne et Eve qui vient chercher une glace dans le congélateur, qui demande où part son papa dans penser à ouvrir la porte. Il y a l'immense cœur de l'enfant et la flamme qui se ravive à sa chaleur.
■ Il ne comprend plus le Plan, pourquoi arracher à la terre Ses plus fervents, pourquoi la mort qu'il connaissait poussière a le goût des pommes d'amour, pourquoi Il a tenu à les faire partir ce soir là. Eliakim n'est plus, Eve vivote grâce à une science qui le dépasse et c'est le mauvais qui est resté.