Hôtel sans étoile (libre)

quartier historique, 1h du matin, devant un vieil hôtel et quelques boutiques

Elle avait fait un rêve de feu et de lumière. De par l'incendie, c'était un cauchemar absolu, mais de par la lumière, c'était un songe. Un pied dans les flammes, l'autre dans la félicité. A moitié en enfer et à moitié au paradis, comme déchirée, un être exilé qui aurait enterré une relique de son passé dans les jardins stériles de son enfance. De feu (sa cigarette au bec) et de lumière (les lampadaires qui grésillent et parfois s'éteignent), Ofélia marche dans la rue déserte, grise comme un chat errant.

Quand elle ne dormait pas, elle aimait se balader entre deux rayons de lune. Une potentielle insécurité nocturne ne l'effrayait pas, la perspective en devenait même inaudible tant Ofélia semblait glisser entre les évènements de la vie comme un être liquide et fugace. Un organisme héroïque et immortel, sur-adaptée et survivant à tout, aux tempêtes comme aux coulées de lave, une fille de fiction à qui rien n'arrive.

Pourtant, une ombre coule derrière le pas de la fille de fiction, épouse les pavés et les lampadaires, règne parmi les nyctalopes et les endormis.

Ofélia se retourne :

- ...

C'est comme dans un vieux jeu-vidéo pixelisé bloqué sur l'écran de démarrage.
La nuit lui apparaît floutée, en basse résolution.

Elle est comme hypnotisée, alors que l'ombre s'avance vers elle, avec la même certitude qu'un poignard qui ne rate jamais sa cible.


hrp : c'est libre, n’hésitez pas à venir