In Memoriam Requiem aeternam dona eis domine
Les festivités du trente-et-un octobre battaient leur plein. Monstres grouillants dans les rues et cellules de dégrisement pleines à craquer - vampires, zombies, sorcières de tous les âges menaçant pour un bonbon ou un shot. L'air était lourd, cette nuit aux mille légendes mortuaires. Derrière les masques grimaçants les sourires de fêtards ou l'inquiétude des plus superstitieux. La ville fébrile s'est assoupie à l'aube sans avoir vu aucune silhouette se glisser au vieux cimetière et fouiller les entrailles de la terre. C'est en fin de journée lors de la traditionnelle visite aux défunts qu'une famille a remarqué le trou béant - il faut dire que l'on n'enterre plus ici que les sans rien et les plus démunis, au bord du marais qui menace toujours de les engloutir. Pas de pelle, pas de traces de pas - pas de corps, surtout. Une boîte aux planches brisées que le malfaiteur n'a pas pris le temps de remonter, une pierre où le nom de Miss Rosier se lit mal après toutes ces années. La vieille danseuse a disparu, avec son amour de toujours. Personne n'a revu cet homme rongé par le deuil depuis le soir d'Halloween. C'est qu'il s'est enfui avec elle, alors, sans même emmener son chien qui geint sans cesse dans l'allée où ils avaient élu domicile. D'autres chants semblent l'accompagner à la nuit tombée, airs enfantins chuchotés dans le vieux quartier sans que personne ne trouve les irresponsables qui laissent errer leurs marmots minuit passée.